MAC2000 : Madhu Basu

par Gérard Xuriguera, Nouvelles de L'Inde, juin 1999

 

 

Madhu BASU vient d’exposer au Salon Mac2000.
La peinture de Madhu BASU nous proposait naguère des groupes humains, des figures dédoublées en négatif, dont il ne détachait que l’enveloppe, sinon les volumes ombrés, en position statique ou dynamique, en état de veille ou de dialogue contrarié mais en permanence tenus dans l’indistinct. Puis, ces dernières années, son humanité austère et cloisonnée, issue du vaste réservoir d’images de son Inde originelle, s’est graduellement concentrée, ramassée et individualisée, pour ne conserver de sa sémantique que l’épure de sa masse organique, comme pétrifiée dans l’élémentaire.

 

Néanmoins, ses personnages teintés de primitivisme, s’ils adoptent la posture assise ou debout dans l’entrebâillement d’un chambranle, témoignent par ailleurs d’une étrange activité. Ils traînent dans leur sillage des objets non qualifiables ou portent carrément d’énormes fardeaux soulignant ainsi l’énigme de leur présence. Car de dos, de face ou de profil, les créatures à l’allure momifiée de l’artiste bengali, en mouvement ou juchées sur des architectures géométrisantes, n’offrent au regard que le flou de leur structure, le masque incertain de leur faciès, les signes bruts de leur transhumance vers d’autres devenirs.

 

Cependant, il ne s’agit pas là de transfert emblématique à connotation onirique, mais de réalité, et de réalité puissamment expressive, d’où sourd une vie souterraine inquiète, qui ne peut se livrer dans sa totalité. Dialectique avant tout, elle sollicite la déduction active du spectateur, continuellement partagé entre la fictive familiarité des situations et la singularité de leur résolution picturale, réduite à leur schématisation. L’espace alentour, occasionnellement scindé en plusieurs contrechamps, mais généralement nu et monochrome, contribue, à la manière d’une forme interdépendante, à donner à l’ensemble ce sentiment d’équilibre et de densité. Et ce contexte sévère mais exempt de pathétisme, nous dit en filigrane l’enfermement, la solitude, le temps immobile et, en deçà, la quête de lendemains moins troubles.

 

A partir d’une gamme chromatique délibérément restreinte, Madhu BASU joue sur les contrastes et les opposés, les zones vierges et les parties habitées, utilisant une gestualité alerte et dirigée, qui organise la composition avec une tonique efficience.

 

Maintenant, même lorsqu’il aborde de nouveaux thèmes, par exemple des natures mortes récurrentes, Madhu BASU ne change pas d’approche stylistique. Sa perception du référent demeure toujours nappée de flux et de reflux cachés, en s’appuyant sur l’intensité de sa ferveur et la justesse de sa vision.

 

 

Textes

 

de Christian Noorbergen
de Gérard Xuriguera